Les glaces, les eaux, les tremblements

Tout ce vaste opéra de la lenteur extrême,toutes ces forces herculéennes du temps construisent le paysage d’aujourd’hui, ses variétés visuelles et formelles infinies. Elles sont aussi comme un livre ouvert qui nous racontent ainsi notre propre histoire, nos déluges, nos failles, nos fissures et nos soubresauts, nos rondeurs et nos pics. Quelques pages ont été déchirées ou effacées ici ou là, et l’enquête peut commencer. La table des matières est encore bien présente, limpide, évidente mais il nous reste encore à démêler le fil d’Ariane, à s’engouffrer plus avant dans l’histoire vertigineuse du temps.

 

CROISÉE DE MONDES, Roches et ouvrages du Grand Est

Avant propos

Quoi de plus apparemment anodin que les pierres, de plus inerte, de plus immobile, et pourtant de si vivant ? Elles nous racontent l’histoire du monde, elles évoluent avec une extrême lenteur depuis plusieurs millions d’années, elles façonnent le paysage depuis ce temps-là. Elles subissent encore les attaques des intempéries et du temps, les tumultes de la nature et de l’histoire. Elles accueillent la terre, les plantes et les arbres, les ruisseaux et les rivières, les animaux et les hommes, les maisons, les chapelles, les églises, les châteaux. Elles nous abritent et nous soutiennent. On en fait usage depuis la Préhistoire. Elles nous fascinent. Elles nous attirent. Elles portent leur part d’étrangeté et d’humanité en même temps, tout en étant bien supérieures à nous, bien plus lourdes, bien plus anciennes, bien plus philosophes. [...]

 

Éditions du Signe / 2017

UN PARCOURS SUR L’ENSEMBLE DU TERRITOIRE DU GRAND EST, À TRAVERS LES ROCHES ET LES OUVRAGES DE PIERRE.

 

C'est ainsi que les hommes

À la force de leurs bras, et plus tard de leurs machineries titanesques, les hommes ont creusé et creusent encore des falaises, y extraient les pierres. Elles donnent la couleur aux paysages, aux villes et aux villages, calcaires blancs ou orangés chargés de ferrite, grès rouges, roses ou jaunes, schistes noirs, gris ou bleus.

Et voilà enfin les temps modernes, le travail acharné, la fierté et le courage incroyable des hommes-mineurs, des hommes-soldats, la nécessité impérieuse de marquer leur passage sur la pierre, pour mieux supporter l’insupportable, pour crier tout espoir d’un monde meilleur.

 

Au cœur des forêts

Il y a les pierres des sommets, dominantes et impétueuses, mais aussi celles des forêts. On les découvre au travers d’un chemin, cachées par de grands pins, sapins, hêtres, chênes et autres feuillus, camouflées par une quantité innombrable de mousses, de fougères, de lichens ou de champignons. Grès roses des Vosges ou calcaires jaunes et blancs de Lorraine, poudingues, granites, schistes et ardoises d’Ardenne, gneiss ou basaltes, elles épousent les terrains et les milieux, émergent tant qu’elles le peuvent du monde végétal et vers la lumière. Dans les plaines et collines de l’ouest, les falaises calcaires sont parfois enfouies dans une jungle perdue. À peine quelques gouffres ou carrières ici ou là, dans les bois de Meuse, de Marne ou de Haute-Marne. Il existe donc quelques milieux secrets, dans la jungle des bois, quelques pierres à réveiller, dans le silence protecteur de la nature.

 

Écrivain et photographe

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Les  livres photo

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